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LES CONQUISTADORES et CHRISTOPHE COLOMB.
(2°) : la chute de Constantinople.
Alors que les Portugais mettaient le pied sur le sol africain, face à l'Islam, et commençaient, vers le sud, les explorations qui devaient leur livrer le contrôle de la mer Rouge et de l'océan Indien, afin de prendre à revers le monde musulman par un gigantesque mouvement tournant, l'Islam assurait sa revanche en Méditerranée et s'implantait victorieusement au sud-est de l'Europe, dans les Balkans.
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Tournant majeur de l’histoire européenne, la chute de Constantinople signe la fin de l’Empire romain d’Orient au profit de l’Empire ottoman. Le 6 avril 1453, la ville de Constantinople subit l’attaque de Mehmet II qui souhaite mettre fin au dernier bastion chrétien en Orient. L’empereur Constantin XI tente de résister à l’assaut, mais après 50 jours d’attaque et de bombardement, Constantinople finit par tomber, scellant le destin des deux empires.
La décadence de Byzance.
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Carte de
l'Empire byzantin sous Michel VIII Paléologue en 1265. Il usurpe le trône de Nicée au souverain légitime Jean IV Lascaris. Son passage au pouvoir est souvent considéré comme le dernier grand règne de l'Empire byzantin. Il reprend Constantinople et rénove la cité impériale.
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A partir de l'Empire de Nicée, qui avait échappé à la conquête des Latins au lendemain de la 4° Croisade, Michel VIII Paléologue avait repris Constantinople en 1261. Mais l'Orient grec restauré n'était plus celui des Commènes : les monuments de Constantinople restaient en ruine, le territoire de Byzance ne comprenait plus que la province de Nicée, la Thrace et la Macédoine. Michel VIII parvint à rétablir sa suzeraineté sur la Morée franque ; les Vêpres siciliennes, dont il fut l'un des instigateurs en fournissant des subsides au roi d'Aragon, le sauvèrent des ambitions de Charles d'Anjou ; il essaya également de s'affranchir de l'influence vénitienne en accordant des privilèges aux Génois. Son règne brillant en apparence, acheva néanmoins d'épuiser le trésor.
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▪ "Miniature
de Michel VIII Paléologue", qui lègue à son fils un Empire affaibli.
au 23 mai 1328. Il est le fils de
Michel VIII Paléologue et de Théodora Vatatzès. né le 25 mars 1297, et mort le 15 juin 1341, fils de Michel IX Paléologue,
empereur associé, et de Rita
d'Arménie. aimant à mener ses hommes au combat et aimant particulièrement la chasse et les joutes équestres, divertissement importé à Constantinople par l'entourage de Jeanne de Savoie.
▪ "Jean VI Cantacuzène présidant le synode de 1351", (BnF). Il est né vers 1295 à Constantinople, et mort le 15 juin 1383 à Mistra. C'est un empereur byzantin du 13 mai 1347 au 10 décembre 1354, fils de Michel Cantacuzène (1265-1316), gouverneur de Morée et de Théodora Paléologue Ange-Comnène (1276-1342). En 1341, il n'hésita pas à évincer Jean V, encore mineur, ouvrant une redoutable ère de guerres civiles appelant à son aide Slaves et Turcs.
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Andronic II et Andronic III, exposés à la menace bulgare, furent impuissants devant les conquêtes Turcs ottomans qui s'étaient substitués aux Seldjoukides. La situation s'aggrava après la mort d'Andronic III. Son fils Jean V, se vit disputer le trône par l'usurpateur Jean VI Cantacuzène.
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▪ "Fresque
représentant l'empereur Dušan à Lesnovo", en Macédoine. et empereur des Serbes et des Grecs de 1346 à 1355.
Issu de la dynastie des Nemanjić, il
est le fils du roi Stefan Uroš III Dečanski. de l'Europe. Conquérant, il fait rédiger le Code de Dušan, un système universel de lois. Il est aussi
le seul régent de la dynastie des
Nemanjić à ne pas avoir été canonisé après sa mort. le 15 juin 1389, au Kosovo, sur le "champ des Merles". Les principaux contingents de la coalition étaient ceux du prince serbe Lazar Hrebeljanović et du roi de Bosnie Tvrtko 1er. Ces troupes auraient été renforcées
d'autres contingents chrétiens des
Balkans, dont des Albanais, des Valaques, des Hongrois et des
Croates. des Ottomans dans les Balkans, et serait, selon la thèse des nationalistes turcs, à l'origine du drapeau actuel.
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Les Serbes d'Etienne Douchan parvinrent aux portes de Constantinople. Assaillie de toutes parts, Byzance, divisée par la guerre civile, était également minée par les troubles religieux : les zélotes, orthodoxes fanatiques imprégnés de mysticisme oriental, très influent dans le peuple et chez les moines, s'opposaient à tout rapprochement des empereurs avec Rome.
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Sous Manuel II, les Turcs se rendirent maîtres de la péninsule Balkanique : l'agonie de Byzance commençait. Cette période tragique des derniers Paléologue fut cependant accompagnée d'une civilisation si brillante que l'on a pu parler de Renaissance Byzantine.
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▪ "Mistra", le Palais". La cité de Mistra est une ancienne cité de Morée (Péloponnèse) fondée par les Francs au XIII° siècle, près de l'antique Sparte, et qui ne
restera pas longtemps en leur possession. Elle est aujourd'hui en
ruines. alors prince d'Achaïe, doit céder Mistra en même temps que d'autres forteresses à Michel VIII Paléologue, en guise de rançon. L'empereur fait alors de Mistra la capitale du Despotat de Morée, statut
qu'elle conserve jusqu'à la chute de l'Empire byzantin. religieuses.
C'est pour cette raison qu'on les trouve surtout à l'intérieur des
églises. grâce aux nouveaux matériaux, comme les smaltes vénitiens et les tesselles d'or.
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Reconquise par les Francs, Mistra fut un centre architectural couvert d'églises et de monastères. La sculpture, les mosaïques, les ivoires de Constantinople étaient imités en Bulgarie, en Serbie, en Russie, les couvents du Mont-Athos se multipliaient. Savants, philosophes, poètes, hellénistes portaient la culture byzantine à un niveau jamais atteint. Beaucoup d'entre eux se réfugièrent en Italie après la chute de Constantinople et contribuèrent avec leurs ouvrages à l'essor de l'humanité.
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Les Etats des Balkans : la grande Serbie d'Etienne Douchan.
Le relief montagneux avait facilité la division des Slaves du Sud en plusieurs groupes qui se retrouvent dans la Yougoslavie actuelle : les Slovènes comme les Croates adoptèrent le catholicisme et les caractères latins et furent inclus dans les limites du Saint Empire romain germanique. ▪ Les Croates, après avoir fondé un royaume indépendant, tombèrent sous la suzeraineté hongroise : ils devaient y rester jusqu'en 1918 ! ▪ Les Serbes formaient le rameau ethnique le plus important et le plus vigoureux. Pâtres, paysans, longtemps divisés en petits clans montagnards, vassaux de l'Empire Byzantin.
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Au XII° siècle, les chefs profitant des guerres entre Byzance, les Bulgares et les Hongrois, s'unirent pour constituer un royaume Serbe avec l'approbation du pape, bien que leur église fut de rite grec. Le royaume devait connaître son apogée avec le grand Etienne Douchan. Il conquit l'Albanie, la Thessalie, la Macédoine, l'Epire, fondant la grande Serbie, qui menaça Constantinople. En 1346, Douchan se proclama Empereur et autocrate des Serbes et des Roumains, mais, après sa mort, la construction fragile se disloqua. ▪ A l'est, les Bulgares, mélange d'asiatiques et de Slaves, qui avaient rejeté la tutelle de Byzance dès le XI° siècle et entrepris de terribles luttes contre les Grecs, dominaient : ▪ les Roumains, descendants de colons daces soumis par Trajan et fortement imprégnés d'éléments slaves. ▪ Au Nord du Danube, les Hongrois, qu'Otton le Grand avait vaincus, s'étaient vus doter par le pape de souverains issus de la maison d'Anjou après l'extinction de la dynastie nationale des Arpadiens. Comme les Grecs, tous ces peuples allaient subir le choc formidable de la conquête ottomane.
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L'arrivée des Ottomans.
Comme les Seldjoukides, les Turcs Ottomans étaient originaires des steppes de l'Asie centrale. Eleveurs, pillards, guerriers, ils avaient été chassés vers l'ouest par les Mongols. A travers la Perse et l'Arménie, ils s'infiltrèrent sur les plateaux d'Anatolie.
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Sultan Osman ou Othman,
(1299-1326), Osman lors de son couronnement en 1281.
Il est né vers 1258 à Söğüt, et le fils d'Ertuğrul
et lui succède en 1281.
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Son chef, Osman, qui donna son nom à son peuple, fut d'abord au service des Seldjoukides. Quand ceux-ci furent affaiblis par les Croisades, et l'invasion mongole, Osman opéra pour son propre compte, agrandissant son domaine au détriment des émirs seldjoukides et des seigneurs grecs.
Le dirigeant turc Osman (l'homme tenant un parchemin) est considéré comme le fondateur de l'Empire ottoman. Depuis des années 1200, il consolide un petit royaume à partir de colonies situées en marge de l'Empire byzantin. Après sa mort en 1324, ses descendants ont continué à étendre le royaume jusqu'à ce qu'il devienne l'un des empires les plus puissants de l'histoire.
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▪ Le grand sultan
Ottoman Osman 1er fondateur de la dynastie avec ses gardes.
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La dernière campagne militaire d'Osman avant qu'il ne meure de vieillesse est dirigée contre la ville byzantine de Brousse. Bien qu'il n'y participe pas en personne, la prise de Brousse s'avère extrêmement importante pour les Ottomans : cette ville, dont ils en font leur capitale, constitue une base arrière contre les Byzantins pour la prise de Constantinople (les deux villes n'étant séparées que d'une centaine de kilomètres). Il augmente la taille de son beylicat jusqu'à Nicée et Brousse, portant les terres héritées de son père d'une superficie de 4 800 km² à une superficie de 16 000 km².
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▪ "Orhan ou Orkhan", combattant de la foi ou conquérant, ou triomphateur, est un sultan ottoman.
Son
père était Osman 1er auquel il succéda vers 1326. Il est mort en
mars 1362.
C'est Mourad Ier qui lui succéda.
Orkhan fonda un véritable Etat, prit le titre de sultan et réorganisa son armée avec des cavaliers d'élite, les spahis, et des janissaires, véritables mercenaires. Dès lors, la progression fut rapide. Il chassa les Grecs de leurs dernières grandes villes d'Asie, Nicée et Nicomédie, en 1337.
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Ses troupes franchirent le Bosphore à l'appel des Byzantins eux-mêmes, car l'usurpateur Cantacuzène avait marié sa fille à Orkhan pour en faire son allié contre Jean V Paléologue. En 1356, ils s'installèrent solidement en Europe après avoir pris Gallipoli. Depuis la mort d'Etienne Douchan en 1355 et le morcellement de la Grande-Serbie, il n'y avait plus, dans les Balkans, d'état capable de leur résister.
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Le sultan Mourad Ier, (1360-1389) et carte montrant l'expansion de l'empire ottoman lors du règne Mourad 1er.
auquel il succéda en mars 1362. Sa mère était la princesse byzantine Holofira (Hélène)
connue sous le nom turc de Nilüfer Hatun. Il est mort en 1389 à la suite de la première bataille de Kosovo. C'est Bajazet qui lui succéda.
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Mourad 1er occupa successivement la Thrace et Andrinople, écrasa les Bulgares et les Serbes du Sud, s'emparant d'une partie de la Bulgarie et de la Macédoine; tandis que Byzance, cernée de toutes parts, ne réagissait pas. En 1389, à Kosovo, le sultan anéantit la dernière résistance serbe et tomba lui-même sur le champ de bataille.
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Le sultan Bayezid 1er, (1389-1402).
après la mort de ce dernier à la bataille de Kosovo,
en se
débarrassant immédiatement de son frère Yakub Çelebi. Fait prisonnier par Tamerlan en 1402, il mourut en captivité l'année suivante.
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Bajazet acheva la conquête de la Bulgarie en 1694. Jean V Paléologue devait se reconnaître son vassal et lui payer tribut. L'Europe, paralysée par le conflit anglo-français, commençait à s'inquiéter : à la suite d'une trêve entre Richard II et Charles VI, la noblesse de France, commandée par Jean sans Peur, fils du duc de Bourgogne, vint rejoindre les chevaliers allemands et hongrois sur le Danube.
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La bataille de Nicopolis a lieu le 25 ou le 28 septembre 1396 sur la rive droite (sud) du Danube (aujourd'hui Nikopol en Bulgarie). Le sultan ottoman Bajazet 1er bat une croisade menée par Sigismond de
Luxembourg, roi de Hongrie. La bataille constitue un des tournants de la conquête des Balkans par les armées de l’Empire ottoman. Alors que les Paléologues rivalisent avec les Cantacuzène pour le pouvoir à Constantinople, ces derniers demandent par deux fois, en 1346 et en 1352, l’aide de l’armée ottomane pour combattre leurs rivaux. Lors de sa dernière intervention, les Turcs, au lieu de franchir de nouveau le Bosphore, décident de s’installer en Thrace. Les Ottomans conquièrent la Thrace et asservissent la Bulgarie et la Serbie.
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Bataille de Nicopolis, Jean Froissart, Chroniques de Gruuthuse, vers 1470, (475. (BnF)
À l'annonce de l'arrivée de l'armée turque, les croisés s'affolent et se préparent en toute hâte. Certains sont encore en train de dîner, d'autres sont saouls, et la confusion s'installe dans plusieurs unités. À ce moment, les prisonniers de Rachova sont tous exécutés, un acte de barbarie dénoncé jusqu'en Europe occidentale.
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Le basileus Manuel II Paléologue et le roi de Hongrie Sigismond 1er, relayés par le pape Boniface IX, demandent l’organisation d’une croisade qui repousserait les forces ottomanes au-delà du Bosphore. La France et l’Angleterre, qui observent à cette époque une trêve dans les combats de la guerre de Cent Ans, répondent dans un premier temps à l’appel bien qu’en définitive seule la France envoie 10 000 soldats, dont 1.000 chevaliers et écuyers, auxquels viennent s’ajouter des troupes d'Allemands, d’Alsaciens, de Tchèques, de Transylvains et de Valaques, ainsi que des Hospitaliers sous les ordres de celui qui deviendra leur grand maître, le prieur d'Aquitaine Philibert de Naillac.
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"Bataille de Nicopolis", miniature de Jean Colombe tirée des Passages d'outremer de Sébastien Mamerot, vers 1474, ( BNF).
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▪ Massacre des Chrétiens à la bataille de Nicopolis, Bayezid, gravure 1850. (miniature issue des Chroniques de Jean Froissart. (BNF).
▪ Mêlée entre les soldats français et la cavalerie ottomane au cours de la bataille. (Illustration de Felician Myrbach).
Massacre des prisonniers fait à Nicopolis : leurs corps gisent nus, décapités, tailladés ou amputés. Le grand Turc trône devant sa tente, face à quelques captifs en chemise qu'il envoie à leur tour à la mort. Les graciés, en retrait, ont gardé leur armure. Les Turcs
affichent des costumes bigarrés aux couleurs vives. par vanité, et ceci contre l'avis du commandement hongrois et valaque, pourtant plus familier des stratégies turques pour les avoir affrontées sur les champs de bataille. Sigismond alors divise ses troupes en trois parties : Nicolas de Gara au centre, à la tête des troupes hongroises, allemandes, tchèques, alsaciennes et flamandes ainsi que les Hospitaliers ; le flanc droit de cette armée, les Transylvains menés par Stefan Lazkovitch et les Valaques sur le flanc gauche. Sigismond commande directement la réserve.
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En
face, Bayezid aligne son avant-garde composée d'archers à pied et de
janissaires, qui masque le champ de pieux destiné à briser l'assaut
de la cavalerie adverse. Le gros de l'armée ottomane, en particulier
sa cavalerie, et ses alliés serbes reste caché derrière les
collines.
En
représailles de l'exécution des mille otages de Rachova, en
Bulgarie, et des lourdes pertes que son armée a dû essuyer dans
cette bataille, le sultan Bayezid fait massacrer la plupart des
prisonniers croisés, soit environ trois mille.
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Tandis que le Grand Schisme d'Occident déchire la Chrétienté, le sultan ottoman Bayezid 1er (connu en français sous le nom de Bajazet) se lance dans la conquête des Balkans.
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28 juillet 1402, Tamerlan bat le sultan Bajazet à Angora. Tamerlan humiliant Bajazet, (Manuscrit de la première moitié du XVI° siècle).
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Cette page enluminée datant du XVI° siècle présente Bajazet, sanglé au pied de la table lors d’un festin de Tamerlan, condamné à picorer les miettes ou encore lui servant de marchepied avant de se retrouver tel une bête en cage.
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La bataille d'Ankara s'est déroulée le 20 juillet 1402 sur le champ de bataille de Çubuk, près d'Ankara, entre les forces du sultan ottoman Bayezid 1er et l'armée turco-mongole de Tamerlan, à la tête de l'Empire timouride. La bataille s'acheva sur la victoire éclatante de Tamerlan, avec la capture de Bayezid 1er, qui conduisit à une période de crise pour le sultanat ottoman. L'Empire timuride entra cependant dans sa période de déclin final après la mort de Tamerlan, moins de trois ans après la bataille, alors que l'Empire ottoman put retrouver toute sa puissance, qui continua ensuite à se développer sur plusieurs siècles.
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Le sultan Bayezid, prisonnier de Tamerlan, toile de 1878.
(Peinture moghole censée représenter la bataille).
Il est également armé d'une épée. Bayazid semble
avoir un effet de dépression et n'est pas armé. Tamerlan le Boiteux, (1336 - 1405)
Maître de l'Asie centrale, Tamerlan attaque la Russie mongole, l'Inde, la Perse, la Syrie, l'Egypte et l'Empire ottoman, puis meurt avant de partir en campagne contre la Chine. Mais dans sa capitale, Samarcande, ce guerrier cruel s'intéressait aux arts et aux sciences.
Tamerlan se présente comme un lointain
descendant de l'empereur mongol Gengis Khan. il n'a eu de cesse de combattre, brûler et tuer tout au long de sa vie, au point de reconstituer un empire presque aussi vaste que celui de son aïeul.
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Timour, plus connu sous le nom de Tamerlan Lang, qui signifie littéralement "Timour le Boiteux". Né le 9 avril 1336 à Kech, près de Chakhrisabz, dans l'actuel Ouzbékistan, et mort le 18 février 1405 à Otrar dans l'actuel Kazakhstan, fut un guerrier turco-mongol du XIV° siècle, conquérant d'une grande partie de l'Asie centrale et occidentale, fondateur de la dynastie des Timourides qui a existé jusqu'en 1507.
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Tamerlan se considéra très jeune comme l'héritier prestigieux de Gengis Khan. Il n'était cependant pas mongol, mais de race turque. Son oncle était un chef de clan dans les régions que dominaient les Mongols djagataïs, issus du démembrement de l'empire de Gengis Khan.
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Ce portrait figure dans une fresque racontant l'histoire de sa dynastie, les Timourides, à Tashkent. En 1396, Bajazet infligea le désastre de Nicopolis. Il ne lui restait plus qu'à prendre Constantinople, lorsqu'elle fut sauvée par l'intervention imprévue d'un nouveau conquérant, Tamerlan.
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Le Turkestan, ou Transoxiane, était un pays riche et fertile qui était florissant grâce au commerce et au transit des marchandises venues par la route de la soie. Les chefs locaux s'y disputèrent le pouvoir jusqu'au jour où les armées de Toughlouk khan, chef des Mongols djagataïs, vinrent rétablir l'ordre. Tamerlan, avec d'autres seigneurs vint se prosterner aux pieds de Toughlouk khan. Celui-ci devina ses qualités et le donna comme conseiller à son fils, nommé vice-roi de Transoxiane.
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Une peinture de la cour de Timurid sultan Baysungur Bahadir Khan, à la fin du XV° siècle. Les Timurids étaient une dynastie musulmane sunnite d'Asie centrale d'origine turkmène-mongol dont l'empire comprenait l'ensemble de l'Asie centrale, l'Iran, l'Afghanistan moderne, ainsi que de grandes parties du Pakistan, de l'Inde, de la Mésopotamie, de l'Anatolie et du Caucase. Il a été fondé par le grand conquérant Timur (Tamerlane) au XIV° siècle à partir des vestiges de l'Empire Mongol.
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Tarmerlan ne se contenta pas de ce poste secondaire et rompit avec le Mongol. Il partit pour la Perse, où il mena une vie d'aventurier et de mercenaire. Il devint assez puissant pour se constituer une armée et entreprendre la conquête de la Transoxiane, son pays natal. Pour cela, il s'était allié à Mir Hossein, roi de Balkh et de Kaboul. Les deux hardis guerriers mirent en déroute les armées d'Ilyas Khodja, le fils de Toughlouk Khan, en 1363.
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Tamerlan lisant, et accordant une audience à l'occasion de son adhésion.
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L'accord entre Mir Hossein ne pouvait pas durer, bien que ce dernier soit devenu le beau-frère de son associé. Après une courte guerre entre eux, Tamerlan s'enfuit dans le Khorassan iranien. A nouveau il mena la vie de chevalier errant, cherchant à se réconcilier avec les Mongols. En 1370, sans déclaration de guerre, Tarmerlan envahit la Bactriane, où se trouvait Mir Hossein. Celui-ci capitula, renonça au trône, mais fut tout de même assassiné par des lieutenants de Tamerlan. Il se proclama héritier de Gengis Khan et mit la couronne d'or sur sa tête.
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Turc de race, Persan de culture, reprenant le mot d'ordre arabe de guerre sainte, s'abritant derrière la loi et la tradition mongoles, Tamerlan était l'aboutissement d'héritages fort différents. De là vint la fragilité de son empire, qui ne survivra pas à son fondateur.
La conquête de l'Iran.
Tamerlan réorganisa la Transoxiane avant d'entreprendre ses incessantes campagnes : lui qui avait toujours flatté le clergé musulman, traité avec ménagement les descendants du Prophète, les docteurs de la Loi, les philosophes, les derviches et jusqu'aux plus humbles ermites, il donna à son peuple l'élan vigoureux d'une mission divine contre les infidèles et ceux qui disait-il, avaient perdu la foi et se délectaient dans le vice. La conquête pouvait commencer.
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Tamerlan envahit la Perse en 1393. Turco-Mongol conquérant, fondateur de l'Empire timouride en Perse et d'Asie centrale et le premier roi de la dynastie Timouride.
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En 1379, Tamerlan franchit l'Oxus pour soumettre la Perse. La riche province du Khwaizm fut enlevée la première. L'armée marcha ensuite sur Hérat en 1381. Le sultan offrit sa reddition, et Tamerlan pénétra dans la ville, le joyau de l'Afghanistan. Il s'empara de toutes ses richesses et fit abattre les murailles.
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Pyramide de crânes de Tamerlan. Deux ans plus tard, les Afghans se soulevèrent, et, selon la méthode familiale, un fils de Tamerlan édifia des pyramides avec leurs têtes coupées.
Le Séistan fut la victime suivante. Sa capitale, dont la légende attribuait la fondation à Nemrod, fut rasée et sa population passée au fil de l'épée. Tamerlan exigea ensuite la soumission du sultan de Chiraz, l'avertissant que trois fléaux accompagneraient ses armées en marche : la déportation, le désert, la peste. Le sultan s'inclina et mourut peu de temps après.
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| Tamerlan entrant dans Samarkand.
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Du Séistan, les hordes timourides repartirent en Afghanistan pour s'emparer de Kandahar en 1883. Après ces expéditions, où il arrivait que l'on entassât "2.000 prisonniers vivants, les uns sur les autres, avec de la boue et de la brique pour en construire des tours", le conquérant allait se reposer dans sa chère Samarkand. En 1386, il s'occupa de la Perse occidentale et il prit Tiflis. La ville, dont les maisons étaient pour la plupart en bois, fut incendiée par des pommes de pin enduites de soufre, de poix et d'étoupe lancées comme des grenades.
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Carte présentant l'empire de Tamerlan. La persécution s'étendit à toute la Géorgie, qui fut mise à feu et à sang. Tamerlan poursuivit son avance, franchit le Caucase, détruisant tous les villages sur son passage ; il pénétra en Arménie, alors aux mains des émirs turcomans, puis s'enfonça vers le sud et, après 1500 km de route, arriva en vue d'Ispahan. Le gouverneur se rendit auprès de Tamerlan et lui remit les clés de la cité.
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Les conquérants, après s'être engagés à ne pas piller la ville, firent leur entrée dans celle-ci. Mais bien vite la population ne put plus supporter la vue de ces barbares et se révolta, massacrant les officiers qui levaient les impôts. Tamerlan, apprenant cette émeute, réinvestit l'agglomération et aurait ordonné à ses cavaliers de lui apporter les têtes de 70.000 habitants avec lesquelles il aurait fait édifier des pyramides sanglantes. La ville fut pillée et incendiée pendant 20 jours. Les rescapés s'enfuient dans les montages, où ils périrent pour la plupart de froid et de faim.
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Tamerlan et la Horde d'Or.
Après la mort de Batou, petit fils de Gengis khan, l'immense domaine des Mongols en Asie centrale et à l'ouest de l'Oural se morcela en deux groupes principaux : à l'ouest, la Horde d'Or, et à l'est, la Horde blanche.
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Les hordes d'Or et Blanche. Un descendant gengiskhanide, Tokhtamich, soutenu par Tamerlan, s'était révolté contre son suzerain, le khan de la Horde Blanche, au nord du Syr DariaPuyis, en 1380 il s'était rendu maître de toutes les steppes de la Russie méridionale, englobant la fameuse Horde d'Or. En 1382, il brûla Moscou. Au fait de sa puissance, Tokhtamich oublia son ancien protecteur et, de plus en plus insolent, n'hésita pas à attaquer la Transoxiane. En 1388, il assiégeait Boukhara.
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Tamerlan revint en toute hâte et, à marches forcées, partit à la rencontre de son ennemi ; son retour fut si rapide qu'il força le khan à se retirer. Mais le maître de Samarkand se prépara pour la plus gigantesque de ses expéditions : la conquête du domaine de la Horde-d'Or, pour éliminer à jamais Tokhtamich. L'armée de Tamerlan trouvait toujours devant elle que le vide, le khan refusait continuellement le combat.
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Tamerlan revint en Perse, où le prince de Chiraz s'était révolté, puis pénétra en Mésopotamie. Bagdad se rendit sans combat en octobre 1393. Las de parcourir les steppes de l'Oural, Tamerlan traversa le Caucase et attaqua son ennemi en 1395, sur les rives du Trerek, où, malgré la résistance héroïque de 30.000 cavaliers, le sort des armes lui fut favorable. Tarmerlan parcourut les pays du Don jusqu'à Azov, où il massacra les négociants génois et vénitiens. Pendant l'hiver, il rasa Saraï, la capitale du Qiptchaq.
Tarmelan avait ruiné les routes commerciales, mais le khanat de la Horde-d'Or subsista quand même sous les successeurs de Tokhtamich.
Le conquérant de l'Inde.
Tamerlan retourna à Samarkand, distante de plus de 4.000 km où il fut reçu en 1396 comme le plus grand héros de l'humanité. Le monde asiatique ne devait toutefois connaître la paix que pendant deux ans. A l'âge de 62 ans, Tamerlan allait choisir une nouvelle victime, un nouveau peuple pour le marquer au fer de sa cruauté : les Indiens.
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Tamerlan, sur les routes de la soie. Tamerlan savait que le sultanat de Delhi était en pleine décadence. L'armée du conquérant se faufila à travers les défilés des montages de l'Afghanistan et, en septembre 1398, franchit l'Indus.
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Delhi était défendue par le sultan Mahmoud et par son ministre, Mallo Iqbal, qui avaient massé leur armée, 10.000 cavaliers, 40.000 fantassins et 120 éléphants de guerre, sur les bords de la Djemma. Avant la bataille, Tamerlan fit exterminer 100.000 prisonniers indiens qu'il avait raflés au cours de son avance. Sa cavalerie eut raison des éléphants, et, en décembre 1398, Delhi était soumise.
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Tamerlan et les Turcs, l'agonie de Byzance.
Inlassable, Tamerlan lança ses armées sur le Proche-Orient. Il affronta d'abord les mamelouks, prit Alep, Homs, Damas en 1404, mais les villes saccagées furent aussitôt réoccupées par les Egyptiens dès que le conquérant se retourna contre les Turcs de Bejazet.
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La rencontre eut lieu près d'Angora, en juillet 1402, et mit aux prises, selon les chroniqueurs, près d'un million d'hommes !! Le sultan avait enrôlé des contingents serbes qui se battirent vaillamment, alors que les troupes ottomanes, qui voyaient en face d'elles d'autres Turcs, lâchaient pied. Tamerlan brûla Brousse et Smyrne.
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Le siège de Smyrne (Décembre 1402) a été mené entre les Chevaliers de Rhodes, qui tenaient le port et la mer château de Smyrne (aujourd'hui İzmir) dans l' ouest de l'Anatolie, et l'armée de l'émir turco-mongol Tamerlan.
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Le Turco-Mongol a bloqué le port et a attaqué les fortifications avec des jets de pierres, alors que les défenseurs, ne comptant que 200 chevaliers, contrés avec des flèches et des projectiles incendiaires. Après deux semaines de forte résistance contre un adversaire bien supérieur, la paroi externe a été détruite par l'exploitation minière et violée. Une partie de la garnison ont réussi à échapper par la mer, mais les habitants et la ville elle-même ont été détruits. Sa victoire allait assurer à Byzance un demi-siècle de survie.
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Tamerlan, empereur des Tartares (XVI° siècle), BnF (Gallica). Laissant l'Anatolie morcelée entre plusieurs émirs et les trois fils de Bajazet, qui avaient pu s'échapper, il regagna sa capitale en 1404 pour préparer sa gigantesque expédition. Le destin en décida autrement. L'année suivante, il mourut en effet, frappé par la maladie, à l'âge de 71 ans.
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Si Tamerlan ou Amir Timour est célèbre pour sa cruauté et ses
massacres lors de ses conquêtes, il a contribué de manière
significative à l’Histoire de la route de la soie. Le souvenir du
conquérant, véritable fléau de son époque, est encore bien vivant
dans les mémoires. Les ouzbeks sont fières de ce personnage
historique qu’il refuse d’appelé Tamerlan mais plutôt Amir Timour,
car plus valorisant. Comme beaucoup de conquérants des temps anciens,
Tamerlan est un personnage complexe. Il est à la fois cruel et grand
mécène, fléau destructeur et grand bâtisseur.
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Samarcande (ou Samarkand).
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Samarcande devint en 1369 la capitale de Tamerlan, qui y rapportera de Perse les restes supposés du prophète Daniel. Les monuments édifiés par les Timourides (descendants de Tamerlan) font la gloire de la cité. Ulugh Beg (1394-1449), petit-fils de Tamerlan, prince et astronome, y fait construire un observatoire où il mène des travaux de grande qualité avec quelque 70 savants dont Qadi-zadeh Roumi, al-Kachi et Ali Quchtchi. Après sa mort, la vie intellectuelle et artistique des Timourides se concentre à Hérat en Afghanistan, en particulier chez son parent le prince et mécène Husayn Bayqara (règne 1469-1506).
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En 1507, les Timourides sont renversés par les
Ouzbeks de la dynastie des Chaybanides. Lors du morcellement de
l'actuel Ouzbékistan en trois khanats (Khiva, Boukhara et Kokand)
qui interviendra par la suite, Samarcande est rattachée au khanat de
Boukhara.
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Mausolée Gur-e-Amir ou Gur-Emir.
C'est
là que repose Tamerlan, alias Timur Lang, alias Timur Le Boiteux. Le mausolée de Gour Emir ("le tombeau du souverain") est édifié par Tamerlan en 1404 après la mort de l'un de ses petits-fils. À cette époque, sur ce site, il existe déjà un ensemble architectural datant du siècle précédent, comportant une medersa et un khanaqah édifiés en vis-à-vis et séparés par une cour carrée à iwans sur les quatre axes, avec un portail sur le troisième côté.
Il ne reste aujourd'hui de ce premier ensemble
que les fondations. à ses enfants et petits-enfants. Il est coiffé d'un tambour sur lequel repose une coupole avec 64 nervures de briques émaillées. L'intérieur est richement décoré avec notamment la coupole ornée de décors en relief de papier mâché doré.
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Le Gour Emir est un bâtiment octaédrique
couronné d'un dôme d'un hauteur de 32 mètres. L'inscription "Allah
est le seul Dieu et Mohammed est son prophète" en lettres de trois
mètres entoure sa base. La décoration extérieure des murs est en
carreaux de couleur bleue, bleu clair et blanche organisés
géométriquement et épigraphiquement sur un fond de briques en terre
cuite. La coupole étirée, d'un diamètre de 15 mètres et d'une
hauteur de 12,5 m, est couverte de briques vernissées de couleur
bleu vif avec des rosettes de profondeur et des taches blanches. La
lourde cannelure nervurée donne une expressivité incroyable à la
coupole.
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La mosquée Bibi-Khanym,
portail du bâtiment.
Article détaillé : Mosquée Bibi-Khanym. de Samarcande, en vis-à-vis : la "mosquée du vendredi de Tamerlan", dite mosquée Bibi Khanym (1399-1404)
et l'ensemble mausolée et medersa dit de Saray
Mulk Khanum. où il avait saccagé Delhi. Là, il avait vu la mosquée Tughluq du XII° siècle et s'en était inspiré pour ériger sa grande mosquée de Samarcande. L'inspiration indienne est d'autant plus marquée que la mosquée est dite en pierre d'après Babur.
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En réalité, seuls quelques éléments et les colonnes sont en marbre, mais c'est à l'époque une grande innovation puisque la majorité des bâtiments en Asie centrale est en brique, crue ou cuite. La mosquée fut achevée en 1405. Elle était de dimensions imposantes (167 × 109 m), avec un portail d'entrée présentant une ouverture de 18 mètres, un minaret à chaque angle de la cour et une galerie de 400 coupoles supportées de 400 colonnes en marbre sculpté. Le bâtiment principal de la mosquée, situé au fond de la cour, était couronné d'une coupole et atteignait 44 mètres.
Au centre de la cour se trouve un immense
lutrin à coran, en pierre. Elle connut vite des dégâts dus à la
mauvaise répartition des charges et aux tremblements de terre
fréquents dans la région. Les armées russes l'utilisèrent comme
écuries et comme entrepôts avant que le régime soviétique ne
commence une restauration en 1974.
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Juste après la mort de Tamerlan, son Empire fut déchiré par les luttes entre ses fils et ses petits fils. Après Byzance, les Turcs étaient sauvés. Mais la succession de Bajazet, mort en captivité, se révélait difficile. L'aîné du sultan, Süleyman, tenait les territoires d'Europe : Isa possédait Brousse, Mehmet et de Moussa se partageaient d'autres régions.
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Mehmet I fut obligé de tuer ses frères pour s'emparer définitivement du pouvoir en 1413. (Miniature extraite du livre des Rois, (BnF), et portrait de Mourad II.
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En 1413, onze ans seulement après Angora, Mohammed 1er vainquit et tua ses frères. L'avance turque piétina certes avec son successeur, Mourad II. Ce dernier échoua devant Constantinople en 1422 et fit la guerre aux Hongrois. Mais leur héros national Jean Hunyadi, infligea aux Turcs de sévères défaites après que Mourad eu assiégé en vain Belgrade en 1440.
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Portrait de Jean
Hunyadi (XVII° siècle), Musée national hongrois. de ce qui est actuellement la Bulgarie. Elle oppose les forces du sultan Mourad II aux croisés commandés par Ladislas III Jagellon, roi de Pologne et de Hongrie. La bataille se solda par une victoire ottomane.
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Après leur défaite à Belgrade en 1440, les
Ottomans ont signé une trêve de dix ans avec la Hongrie que cette
dernière ne respectait pas, puisqu'elle s'est entendue avec la
république de Venise et le pape Eugène IV pour organiser une
nouvelle croisade. Mourad II, rappelé au pouvoir par le Grand Vizir
Çandarlı Halil Hayreddin Pacha, décida donc de mener son armée sur
les terres occidentales. Des bateaux français et italiens firent
traverser le Bosphore à son armée.
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Finalement les troupes ottomanes écrasèrent Jean près de Varna, mais ne purent venir à bout du chef albanais Skander Beg. La résistance de ce dernier poussa Hunyadi à reprendre les armes, mais les Hongrois furent battus à Kosovo en 1448. Mourad s'éteignit trois ans plus tard, laissant à son fils Mahomet II, une forte armée, des territoires bien contrôlés et le soin d'en finir avec Byzance.
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Portrait de Mehmed II par Gentile Bellini
(1479), et Mehmed II avec un jeune dignitaire.
Mehmet II le Conquérant ou Mehmed II "Fatih", fut le septième sultan de l'Empire ottoman. C'est la prise de Constantinople en 1453 qui lui valut son surnom de "Fatih" (Conquérant), en outre il s'était proclamé lui-même "Kayser-i Rum", littéralement "César des Romains". Il régna à deux reprises (entre 1444 et 1446 puis entre 1451 et 1481) ; dans l'intervalle, c'est son père Mourad II qui reprit le pouvoir. C'était un homme vigoureux et un chef militaire redoutable.
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▪ Portrait de Manuel II Paléologue. ▪ Constantin XI Paléologue, dit Dragasés, né le 8 février 1405 à Constantinople, et mort le 29 mai 1453 sur les murailles de la même ville, est le dernier empereur byzantin du 31 octobre 1448 au 29 mai 1453, et par conséquent le dernier empereur romain de l'Histoire. ▪ Jean VIII Paléologue. Il chercha une éventuelle réconciliation entre l'église grecque et le rite romain, Tous ses efforts échouèrent (Miniature BnF).
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Manuel II Paléologue avait tenté désespérément de sauver les débris de l'Empire : il alla à Venise, à Paris, à Londres, implorer des secours : le conflit franco-anglais et le Grand Schisme paralysaient l'Occident. La bataille d'Angora avait donné un répit, mais son fils, Jean VIII, trouva devant lui l'unificateur Mourad. A son retour, il se rendit en Occident : à Lyon, à Rome, à Florence. Il offrait de mettre fin au schisme, mais, à Constantinople, des fanatiques se révoltèrent, préférant l'alliance avec les Turcs à la réunion avec le clergé latin, détesté. Le frère et successeur de Jean, Constantin Dragasés, le dernier des Paléologue, allait soutenir l'assaut final que préparait Mehmed II.
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Siège de Constantinople. La quatrième croisade est une campagne militaire qui fut lancée de Venise en 1202. Levée à l'origine en vue de reconquérir les lieux saints sous domination musulmane, elle aboutit en fait à la prise et au pillage de la ville chrétienne de Constantinople par les croisés, et à la fondation de l'Empire latin de Constantinople qui dura de 1204 à 1261.
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Carte de la quatrième croisade (1202-1204).
Morcellement de l'Empire byzantin. pour se partager l'essentiel de l'Empire romain d'Orient : ce fut la naissance de l'Empire latin de Constantinople.
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Boniface ne fut pas élu empereur, bien que de nombreux croisés le considéraient comme le candidat le plus légitime ; mais les Vénitiens le pensaient trop proche des "Grecs" à cause du mariage de son frère, et préférèrent installer le "Franc" Baudouin VI de Hainaut sur le trône. On attribua à Boniface le royaume de Thessalonique, État vassal du nouvel Empire latin. Le Vénitien Marco Sanudo s'adjugea la plupart des Cyclades, en Mer Égée, où il créa le duché de Naxos avec l'aval de sa République qui, pour sa part, se constitua un vaste empire colonial le long de la voie maritime entre Venise et Constantinople, avec notamment les plus grandes et riches des îles grecques, comme la Crète, l'Eubée et les îles Ioniennes
Le 14 avril 1205, un an après la conquête de Constantinople, l'empereur Baudouin est vaincu et capturé à la bataille d'Andrinople par Kaloyannis, roi des Bulgares et des Valaques, tandis que le reste des troupes croisées est ramené à Constantinople par le doge de Venise. Baudoin meurt en captivité chez les Bulgaro-Valaques sans avoir été racheté par rançon (selon la coutume médiévale).
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Siège de
Constantinople.
byzantines survivantes fondèrent dans les territoires restés sous leur contrôle leurs propres États grecs : l'Empire de Nicée dirigé par Théodore 1er Lascaris, le despotat d'Épire dirigé par la dynastie des Anges, et l'empire de Trébizonde, déjà dirigé par la dynastie des Comnènes.
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La quatrième croisade avait complètement échappé au contrôle de la papauté qui en était à l'origine. Le pape perdit par la suite beaucoup de son pouvoir politique au profit des monarques européens en général et de l'empereur romain germanique en particulier. La république de Venise en revanche se renforça considérablement, tirant le meilleur parti de cette quatrième croisade, aux dépens de l'Empire byzantin. Économiquement, ce dernier ne s'en releva jamais, même s'il put (à grand-peine) se restaurer (partiellement) de 1261 à 1453, mais en s'endettant vis-à-vis des Génois. Certains historiens modernes considèrent que sans le détournement de la quatrième croisade sur Constantinople, les Turcs n'auraient probablement jamais pu débarquer en Europe. Quoi qu'il en soit, les croisades suivantes seront effectuées par des monarques séculiers, et Venise elle-même finit par pâtir de l'expansion turque, qui la priva progressivement de ses possessions et entraîna son déclin économique.
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La chute de Constantinople.
Pour saisir sa proie, Mehmed II avait fait édifier la puissante forteresse de Roumeli Hissar, servant de bastion sur les rives du Bosphore qu'il tenait sous la garde de ses canons.
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La forteresse Roumeli Hissar, sur les rives du Bosphore. Le blocus se refermait, de plus en plus serré. Près de 200.000 hommes attendaient l'ordre de leur sultan pour passer à l'attaque : 10.000 janissaires s'impatientaient de ne pouvoir encore abattre ces Grecs aveugles qui ne voulaient pas embrasser la vraie foie : l'Islam.
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Face aux ottomans chaque jour plus provocants, Byzance ne pouvait pour sa défense qu'élever vers le ciel d'interminables prières : elle espérait que jamais la flotte turque ne pourrait franchir la Corne d'Or, barrée par une énorme chaîne tendue de Galata à la pointe du sérail.
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La Corne d'or depuis
le pont de Galata. dans le Bosphore à Istanbul. Cet emplacement qui forme un port naturel fut aménagé par les colons grecs pour former la ville de Byzance. Sous l’empire byzantin, les chantiers navals y étaient installés et un mur d'enceinte le long de la berge protégeait la ville des attaques navales.
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Constantin Dragasés voulut défendre la ville. Aidé par quelques centaines d'étrangers venus lui offrir leurs épées et par des Italiens comme le génois Giustiniani, il renforça les murailles de la cité, enrôla tous les hommes valides. Mais Mehmet II possédait toutes les qualités nécessaires aux grands stratèges.
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"Le siège de Constantinople en 1453", miniature réalisée à Lille en 1455, (BnF). Entrée des Croisés à Constantinople. Le 5 avril 1453 commença le véritable siège. La flotte ottomane se déploya au nord de l'entrée de la Corne d'Or. Ultime succès des Chrétiens, le 20 avril, une flottille composée de 3 bâtiments génois et un bateau grec transportant quelques renforts parvint à forcer le blocus, semant la panique parmi les galères turques, rendant espoir aux assiégés.
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Mehmet II fit alors construire sur la Corne d'Or une piste en pente douce. Des glissoires y furent établies avec des planches enduites d'huile et de graisse. Les Turcs hissèrent ensuite sur cette rampe 70 de leurs meilleures galères, les tirèrent et les poussèrent jusqu'à Péra, à 41 m au-niveau de la mer ; de là, ils les firent glisser au beau milieu de la flotte grecque emprisonnée dans la rade de la Corne d'Or. Simultanément, le sultan lança à travers la rade un pont flottant permettant à son infanterie et à son artillerie de passer d'une rive à l'autre.
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Assaut final et la
chute de Constantinople en 1453. très moderne pour l'époque, pilonnait les remparts. L'assaut était donné.
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Un mois après l'apparition des galères turques dans la Corne d'Or, Byzance tenait toujours. Alors Mehmet II proposa aux Grecs une capitulation honorable, qui, par folle témérité, fut repoussée avec dédain. Les derniers soldats de Constantin étaient pris à revers : le basileus se lança alors dans la mêlée et fut mortellement blessé. L'Islam triomphait. Byzance fut pillée durant trois jours et trois nuits. Les églises et les basiliques devinrent des mosquées.
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L'entrée de Mehmed II dans Constantinople.
Mehmed II à la conquête de Constantinople. Tableau peint par Fausto
Zonaro en 1903. Le 30 mai 1453, au petit matin, Mehmet II fit son apparition triomphale dans la ville. Celui que l'histoire appela "Fatih", le Conquérant, fit cesser les déprédations. Impressionné par le courage des Grecs qui lui avaient ainsi résisté, plein d'admiration pour leurs qualités viriles autant que pour leur culture, Mehmet II se montra tolérant.
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Mehmet II permit à l'Eglise de Byzance de retrouver toutes ses prérogatives passées, ralliant ainsi à sa personne les chrétiens survivants. Mais Byzance (Constantinople) n'était plus la capitale qui avait succédé à Rome : elle devint Stamboul, la métropole du grand Empire Turc.
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Prise de Constantinople par les croisés, tableau d'Eugène Delacroix, (Musée du Louvre).
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La scène se déroule à la fin de la bataille, sur les hauteurs de Constantinople. A l’arrière-plan, la ville s’étend le long de la Corne d’Or. La ligne d’horizon placée très haut, l’imposante architecture avec ses colonnes à l’antique, la fumée des incendies qui obscurcit un ciel orageux, le premier plan occupé par des cavaliers hostiles, les visages des croisés plongés dans une pénombre inquiétante, tout suggère la violence des "Français". Baudouin de Flandre, monté sur un cheval encore excité par la bataille et foulant au pied casques et enseignes, domine un vieillard qui implore sa clémence : revêtu d’une pourpre dérisoire, soutenu par une jeune femme, il est placé en pleine lumière, dans un contraste saisissant avec les vainqueurs.
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La prise de Constantinople fit une impression profonde en Occident, mais il était trop tard ! Pie II tenta certes d'organiser une croisade en 1466. Pas un prince ne vint au rendez-vous, et, brisé de douleur, le pape mourut peu après. Les Turcs consolidèrent leurs conquêtes.
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Jean Hunyadi parvint à sauver Belgrade en 1456. Mais Mehmet II s'empara de la Morée, de la Bosnie, des possessions génoises et vénitiennes, de la Moldavie et de la Valachie. A sa mort en 1481, la domination turque s'étendait de l'Euphrate aux Carpates, contrôlait la mer Noire et la mer Egée.
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Expansion et apogée de l'Empire Ottoman, au début du XIV° siècle.
A la fin du siècle, la prise de Grenade et l'expédition de Vasco de Gama constituèrent une revanche de la Chrétienté. Mais le commerce des Portugais avec l'Inde, ruina l'Egypte et en facilita la conquête par les Turcs, qui devinrent les maîtres incontestés de toute la Méditerranée orientale. Au XVI° siècle, ils allaient menacer le coeur même de l'Europe.
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Sources :
"La chute de
Constantinople, Kielty Bernardine, Edition
Nathan, 1967 "Christophe Colomb & les conquistadores", Histoire Universelle illustrée, (volume 10),1968 Photos et montage, Chantal Guyon, le 28 mai 2020.
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